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LA FAUSSE JEHANNE D’ARC (1977)

 

 

 

Mars 1977. Pour son camp de Pâques, la troupe 3° NANCY se retrouve à Griscourt au cœur de la ‘’Petite Suisse Lorraine ‘’

 

La Petite Suisse Lorraine est un petit pays vallonné, très ressemblant à la Suisse, d’où son surnom. Son  vallonnement est provoqué par l’Esch, une petite rivière qui se jette dans la Moselle à Blénod les Pont A Mousson. Une petite route sinueuse serpente dans cette région paisible et verdoyante reliant entre eux cinq villages dont le premier est Griscourt.

 

Griscourt est d’avantage un hameau avec ses maisons lorraines collées les unes aux autres. La seule animation devait être la vieille auberge au centre du village, aujourd’hui fermée.

 

La patrouille du Lion est au grand complet ; il y a Simplet, le CP, Gadgo, le Second, puis Raton, Didier, Sangsue, Pierre et Pascal le cul de pat. Les deux plus jeunes ont 13 ans, le CP 16 et le reste 14/15 ans, avec 2 à 3 ans d’ancienneté ; il s’agit d’une patrouille déjà aguerrie et expérimentée.

 

A l’issue du rassemblement, Grég., notre CT, coiffé de son inséparable béret vert de raider, remet à chacun des trois CP une enveloppe cachetée contenant les lettres de mission. Les trois patrouilles se séparent immédiatement pour prendre connaissance de leur contenu.

 

Nous voilà partis pour l’Aventure … en l’espèce une explo de 3 jours devant nous mener à GORZE, 25 kms à vol d’oiseau plus au Nord. Nous quittons le village et nous nous enfonçons dans la Forêt Domaniale de Puvenelle que nous traversons sur plus de 4 kms par un large chemin forestier. Nous poursuivons notre périple vers le nord en passant par le village détruit de Fey-en-Haye.

 

Il s’agit de ruines d’un village entièrement ravagé par les bombardements d’artillerie allemande  lors de la 1° guerre mondiale, car, comme trois autres villages, situés au mauvais endroit dans le saillant de Saint-Mihiel. Il ne reste effectivement rien, et on devine tout juste les fondations des maisons et le tracé des rues du village.

 

Nous poursuivons sans trop nous attarder en traversant cette fois la Forêt Domaniale de Front de Haye avant d’arriver à la nuit tombante à Vieville- en-Haye. Le froid et la fatigue commencent à se faire sentir ; il est temps de bivouaquer et notre CP s’avise de frapper à la porte d’une ferme au beau milieu du village pour solliciter un abri dans une grange.

 

La porte s’ouvre sur un paysan rougeau qui nous accueille à bras ouverts. ‘’Mais il est tout maigrichon celui-là ! ‘’ s’exclame sa femme en voyant Pierre. ‘’Vous ne pouvez pas rester comme ça dehors dans le froid, venez manger à l’intérieur.‘’ Malgré les protestations polies de notre Simplet, nous ne pouvons refuser cette invitation, d’autant que dehors, en cette saison, il fait encore froid la nuit en Lorraine. Nous nous retrouvons devant une plantureuse omelette baveuse à faire rêver des générations de scouts ! Après quoi, nous sommes logés dans la grange où nous passons la nuit, au milieu des bottes de paille.

 

Le lendemain, surprise ! Il  neige et une fine pellicule blanche recouvre déjà le village et les champs avoisinants ; la fermière a bien voulu réchauffer notre lait et nous prenons notre petit-déjeuner à l’abri de la grange.

 

Nous prenons congé et repartons courbés sous les flocons de neige, lorsque soudain des rires et exclamations nous arrêtent net : les Castors ! Rigolards, narquois, ils nous interpellent depuis la fenêtre d’une maison du village, du Nutella jusqu’aux oreilles. Ils y ont passés la nuit dans des chambres chauffées, avec repas assuré par leur hôte. C’est ça la Castor’ touch !!

 

Sans plus y prêter davantage attention, car nous sommes beaucoup plus sérieux au Lion, notre patrouille reprend sa progression vers son objectif : JAULNY.

 

Il s’agit d’un village situé dans la vallée du Rupt de Mad, rivière se jetant dans la Moselle à Arnaville ; ses origines sont gallo-romaines et il abrite un château fort du XI° siècle qui revêtait alors une importance stratégique car :

  • il contrôlait la voie d’accès à Metz par la vallée du Rupt de Mad

  • il se trouvait à la frontière des trois états, la Lorraine, le Comté de Bar et la République de Metz

  • il constituait l’arrière garde de la forteresse de Prény

 

Il a heureusement cessé de neiger et nous arrivons à JAULNY en fin de matinée ; Nous découvrons la bâtisse impressionnante du château et nous allons frapper à la lourde porte pour en savoir davantage.

 

L’homme qui nous ouvre ne se fait pas prier pour nous faire la visite du château .

Devant le blason de Jeanne d’Arc  et les portraits de Jeanne et Robert des Armoises,

surplombant la cheminée de la salle principale,  il nous conte alors sur un ton théâtral

que ce lieu est la véritable demeure de Jeanne d’Arc.

 

‘’Jeanne d’Arc n’était pas une simple paysanne, mais était de sang noble, et même

royal, puisque fille bâtarde de la Reine de France, Isabeau de Bavière ! C’est d’ailleurs

pour cette raison qu’elle n’a pas pu être brulée vive.

 

Elle a été emprisonnée pendant une courte période avant de réapparaitre, de

reprendre les armes un  temps avec Gilles de Rais et a épousé par suite le chevalier

Robert des Armoises, seigneur de Jaulny.

 

Elle mourut en 1449 et fut enterrée à Pulligny-sur-Madon, près de Toul et sur sa

pierre tombale figurent ses armoiries et son nom : Jehanne la Pucelle de France,

épouse du chevalier Robert des Armoises’’

 

Nous l’écoutons sans mot dire ; la stupeur doit se lire sur nos visages. Raton grommelle entre ses dents et notre CP l’arrête d’un regard. Article 5 de la Loi Scoute : Le scout est courtois.

 

En réalité, cette Jeanne des Armoises (Claude de son vrai prénom) a bien existé ; il s’agit d’une aventurière qui a effectivement épousé Robert des Armoises, seigneur désargenté de Jaulny et sous le coup d’une accusation de félonie ; Claude/Jehanne aurait fondé son imposture sur une vague ressemblance avec Jeanne d’Arc, avant d’être démasquée en 1440 par le Roi Charles VII lui-même, qui, pour la confondre, lui demanda quel était le lourd secret qu’elle lui avait confié quelques années avant, en 1429. Incapable de répondre, elle se rétracta alors et demanda grâce ; elle finira ses jours à Jaulny.

 

Sans accorder un seul instant crédit à notre interlocuteur, nous le quittons poliment pour poursuivre notre explo du village.

 

Nous nous en éloignons un peu en remontant la vallée du Rupt de Mad afin de trouver un lieu de bivouac ; nous trouvons au bord de la rivière un petit moulin manifestement abandonné. Simplet escalade le mur, trouve une porte mal fermée et nous voilà installés dans ces lieux qui vont nous servir de base.

 

La patrouille se subdivise en binômes pour établir les croquis pano, dresser le relevé topographique, rédiger le rapport d’explo et compléter le ravitaillement.

 

Nous reprenons la route le lendemain en suivant le Rupt de Mad avant d’arriver à GORZE où nous retrouvons les patrouilles du Castor et du Lynx mais aussi toutes les troupes Scouts d’Europe de la Province.

 

Après une journée inter-troupes, le camp s’achève le lendemain à DORNOT.

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