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GRANDS JEUX A SOUBISE (1979)

L'historique de la troupe 7° PARIS FSE (devenue Scouts Saint Michel) sur leur site internet ( http://www.7eparis.com/v2/groupe/histoire3.php ) faisant état d'un Waterloo de la 3° Nancy lors d'un grand jeu à Soubise en 1979, il y a lieu de rappeler ici quelques réalités.

Extraits du cahier de pat des Lions.

Acte I

En juillet 1979, la troupe campe en Vendée, dans le parc de Soubise ; la troupe est composée de 3 patrouilles, soit une vingtaine de scouts, outre une maîtrise de 6 chefs. Dans la matinée du 9 juillet les patrouilles partent en explo de pat en direction des Herbiers ; un point de ravitaillement est prévu à 20h00 dans un village à 5 kms un peu plus au nord.La Maîtrise récupère les patrouilles, avec un peu de difficulté pour les Castors qui, fidèles à leur réputation, avaient déjà trouvé une colonie de vacances (mixte) pour coincer la bulle. Changement d'ambiance : les chefs sont en treillis cam et bérêts rouges et nous enjoignent d'endosser nos treillis.

Albatros, notre CT, nous expose qu'un grand jeu est prévu avec la 7° PARIS , troupe Scouts d'Europe forte de 5 patrouilles et 40 scouts . Le scénario initial prévoyait un bivouac de chaque patrouille de la 3 dans trois fermes et une embuscade de la 7 pour enlever 1 scout par patrouille et les ramener à l'Abbaye de la Grainetière, le jeu devant se terminer par une attaque du camp de la 3 le lendemain matin . Seulement voilà 40 scouts contre 20, le ratio semble pour le moins déséquilibré à notre CT qui décide de bouleverser ce plan.

Nous formons un commando de 2 chefs et 4 CP/SP des Lions et Lynxs pour surprendre les kidnappeurs et les capturer si possible ; nous nous infiltrons à travers bois et taillis vers la ferme où les Lions auraient dû dormir ... mais personne ; le fermier nous indique avoir bien vu passer il a une heure une dizaine de scouts en treillis, l'air pressé. Loupé ! Mais Aurochs (ACT), resté en arrière avec le reste de la troupe intercepte 4 scouts de la 7 ; deux CP et un SP sont capturés , le quatrième réussissant à prendre la fuite. Les 3 captifs , de solides gaillards de 17/18 ans , particulièrement impressionnants, gisent au sol, ligotés pieds et poings, leurs rangers balancées dans le champ de maïs voisin. L'alerte ayant certainement été donnée par le fuyard, il faut s'exfiltrer au plus vite.

Nous rallions à 23h00 Les Herbiers en marche co en abattant les 5 kms en moins de 40 mn ; après une courte halte pour ravitailler en eau, la progression reprend vers l'Abbaye de la Grainetière, en bordure du parc de Soubise. Nous sommes éreintés par cette marche forcée nocturne. L'abbaye est atteinte vers minuit ; elle est plongée dans l'obscurité totale . Nous nous faufilons silencieusement entre les bâtiments, en essayant d'ouvrir les portes pour trouver le refuge de la 7. Bingo ! Nous tombons sur une salle déserte, mais avec 40 sacs à dos parfaitement alignés en faisceaux, les staffs , le Baussant, des blasons et une mise en scène destinée probablement à terroriser ceux d'entre nous qu'ils auraient dû capturer : un billot avec une hache plantée, de la sauce tomate dégoulinant, un feu de braises avec un tisonnier et une corde de pendu. Mais surtout il y a de l'eau ! Enfin boire ! Nous rafflons staffs, Baussant et blasons et vidons les jerricans d'eau dans nos gourdes ou dans l'herbe, histoire de les assoiffer aussi au terme de leur propre marche ; nous organisons une petite mise en scène en habillant un pendu à leur corde ( un sac de couchage revêtu d'un uniforme), le tout éclairé par des bougies. Sinistre et fantomatique à souhait !

Nous sortons de l'Abbaye pour reprendre à travers bois le chemin du camp . Tout à coup, après

avoir à peine parcouru 100 mètres, retentit une énorme clameur devant nous. Nous comprenons

en une fraction de seconde être au contact de la 7. Par acte réflexe, nous jetons nos sacs et notre

butin sur le bas côté et nous nous ruons en hurlant droit devant, dans l'obscurité la plus totale

de ce chemin de la forêt de Soubise. " Montjoie ! " Après cette marche exténuante, nous avons la

rage d'en découdre et nos forces sont décuplées. Le choc est brutal, les rangs adverses sont

pulvérisés sans que rencontrions la résistance attendue.

En fait nous sommes face aux 5 patrouilles de la 7 dépourvues de leur HP ( environ 30 scouts

quand même). Une demi-douzaine de gars sont déjà au sol, prêts à être ligotés ; certains

cherchent à fuir en escaladant une barrière de champ en forme de palissade ; ils sont attrapés

par le fond du pantalon et jetés à terre . Nous hurlons pour les contraindre à s'allonger au sol,

mains sur la tête. Au total, nous avons capturé une dizaine de scouts, les autres étant en fuite

à travers bois ( la maitrise de la 7 passera le reste de la nuit à récupérer ses scouts, les premiers

fuyards se sont enfoncés très loin dans la forêt , pensant qu'ils étaient poursuivis , alors qu'il ne

s'agissait que de leurs camardes fuyant aussi ! )

Nous embarquons un otage, un petit de 12 ans, François, en treillis cam,avec une tête ébouriffée d'un dessin de Pierre Joubert,qui défie crânement droit dans les yeux notre CT . Même pas peur ! Nous ne pouvons nous empêcher de ressentir de la fierté à l'égard de ce petit Scout d'Europe. Les autres sont abandonnés sur place, saucissonnés et pieds nus, leurs rangers éparpillées dans les taillis.

Nous arrivons à notre camp en pleine nuit et nous nous couchons aux abords , tout habillé, rangers aux pieds , en organisant des tours de guet par binôme au pied des mâts et au carrefour d'où part le chemin vers le camp de la 7 . Lever 6h30 ; petit déj et attente ... rien ne se passe. En fin de matinée, rasso ; notre CT nous annonce que le jeu est terminé et qu'il revient du camp de la 7 , désert, où il a restitué leur Baussant, les staffs et blasons. Notre otage devient notre invité . Nous quittons nos treillis pour des tenues plus légères de camp ; certains sont en t-shirt et pieds nus ; au programme : Lessive, coinçage de bulle, soin des ampoules et petits bobos.

 

Soudain, en début d'après-midi le camp est brutalement réveillé de sa torpeur . Une énorme clameur retentit du fond de la forêt allant en s'amplifiant, terrifiante. La 7° PARIS charge, en rangs serrés, 5 patrouilles de front sur le chemin d'accès au camp . En treillis cam, garruches au poing, en hurlant à pleins poumons. Le sol tremble. Le coin de pat des Lions est le premier touché par ce tsunami.Impossible de résister. Nous sommes dispersés, en tenue légère et nous sommes submergés. Un patrouillard du lion tente d'esquiver la déferlante en montant sur la table, la traverse et se pisse dessus de trouille. Certains parviennent à se regrouper et un ilot de résistance s'organise autour du coin veillée. Rien n'y fait , ils sont trop nombreux. Les coins de pat sont rasés, les tables sont renversées, les tentes abattues , les sacs vidés et dispersés, les staffs perchés dans les arbres. La plupart des scouts est à terre, ligoté . Nous continuons à nous battre avec ardeur ; il ne faut pas moins de 6 scouts de la 7 pour immobiliser Bertrand, le second du Lynx. Le kraal , défendu par les chefs, bérêts rouge sur la tête ne sera pas touché , personne n'étant assez inconscient pour affronter Aurochs.

 

En quelques minutes, la 3° NANCY , scouts et installations ,est passée de la 3D à la 2D ; tout est à terre, aplati ! Pour autant, fidèle à la réputation de la troupe ,aucun scout n'a fuit ou ne s'est rendu et malgré les coups de garuches chacun a combattu jusqu'à la fin, c'est à dire jusqu'à être complétement immobilisé et ligoté.

Les deux CT sifflent la fin du jeu ; les deux troupes se retrouvent autour d'un goûter, puis vont se baigner ensemble dans l'étang voisin, chacune entonnant ses chants de troupe . Le soir, la 7 nous convie à une veillée à son camp. Les scouts sympathisent et fraternisent, s'échangent leurs impressions et leur version des péripéties de ces dernières journées.

 

Acte II

Quelques jours plus tard ... minuit." Zip ! fait la fermeture en remontant la tente. J' me réveille en sursaut, l'chef me hante . Y gueule : tenue de raid au pied des mâts!" La troupe quitte le camp , s'enfonce dans la forêt et quelques centaines de mètres plus loin s'arrête pour dormir à la belle étoile,en treillis et rangers aux pieds.Des déflagrations de pétards au loin nous parviennent ; le camp de la 7 est attaqué. Au réveil, notre CT nous explique que la 1° Saint Germain en Laye FSE vient de vider la 7 et que nous allons nous joindre à elle pour édifier un fortin.

Nous retrouvons la 1° , forte de 17 scouts en 3 patrouilles , et nous passons le reste de la journée à édifier un fortin de 4 mètres par 4 mètres , avec des remparts de 2,50 mètres de haut ; il est entouré par un taillis de ronces de 2 mètres de large et des pièges constitués par des trous de 1x1 x1 mètre recouverts branches fines sont disposés tout autour. Nous nous organisons pour la nuit : la 1° à l'intérieur du fort, autour du feu , et la 3 planquée dans les bois à 100m ; Des tours de garde sont organisés tout autour du périmètre.

Réveil 6h30 . On se prépare à l'assaut ; ceux de la 1° pensent que celà va se passer "à la prise de foulard"; on leur raconte notre précédente frottée avec la 7 et une certaine angoisse s'empare alors de nos petits camarades. En tout début d'après-midi , des reco de la 7 sont aperçues, mais toujours pas d'attaque. Notre CT, trouvant le temps long, part à leur rencontre et revient la mine sombre: la 7 refuse d'attaquer tant que la maîtrise de la 3 sera dans le fortin; Nous sommes dégoutés ... ils veulent pouvoir nous écraser peinard ! Les deux maîtrises évacuent le fort, à l'exception d'Aurochs qui reste dissimulé dans un recoin.

 

Puis c'est l'assaut . Une première vague s'empêtre dans le roncier ; Elan, un CP de la 7 dégoupille et lance une première grenade à plâtre dans le fortin ; Edouard, SP du Castor, se précipite et la relance à l'extérieur ; Les pétards claquent par dizaines , il y a un bruit d'enfer ; Les assaillants, vestes de treillis fermées jusqu'au cou, bonnets jusqu'aux oreilles, se jettent dans les ronces pour les arracher et les enlever, recevant à cette occasion une volée de coups de garuches et de baguettes de noisetiers. Le rideau protecteur diminue dangereusement ; une seconde grenade à plâtre est rejetée mais nos adversaires utilisent maintenant des grenades fumigènes ; L'épaisse fumée jaunâtre nous empêche de défendre efficacement les remparts, permettant ainsi à certains intrépides, foulards humides sur le nez, de se ruer, poignard au poing, pour trancher les brelages du rempart défendu par les Lions ; les Castors viennent en renfort et l'ennemi est finalement repoussé; Le rempart des Lynxs reçoit lui aussi un assaut acharné, également repoussé ; Seuls les remparts de la 1° Saint Germain sont épargnés. Aurochs s'est lui aussi lancé dans l'action, en sautant du haut des remparts au milieu de la 7 et taille des coupes sombres dans ses rangs, terrorisant au passage les culs de pat. Leurs CP crient à la triche !

Le premier assaut a échoué et les scouts de la 7 reprennent

quelques forces avant de lancer un second assaut, encore plus

violent que le premier. Le rideau défensif de ronces a disparu en

de nombreux endroits et les assaillants utilisent des lassos pour

agripper les poteaux de soutien des remparts et les faire basculer,

ouvrant ainsi des brêches. De nouvelles fumigènes sont utilisées ;

nous suffoquons. Des gaillards de la 7 parviennent à se hisser en

haut du rempart des Lynx ; ils y sont reçus par une volée de coups

de garuches, leurs mains écrasées à coups de rangers et ils

sont encore rejetés. Sauf Loutre, un solide CP qui réussit à passer

et à sauter au milieu du fortin ; il est aussitôt capturé et ligoté

mais il continue à hurler pour encourager ses camarades ; mais

ceux-ci ne parviennent pas à passer au travers du déluge de coups.

Les tentatives de prise du fortin durent depuis longtemps et les 3 CT interviennent pour siffler la fin du jeu . " Le fortin a tenu ! les défenseurs ont gagnés ! "

Les 11 patrouilles se rejoignent dans un rassemblement impeccable. Il y a là près d'une centaine de scouts et chefs . La 7 nous défie à prendre le fortin qu'ils ont également construit non loin de leur camp ; Mais la 1° Saint Germain, quelque peu "ébranlée " par ce jeu, déclare forfait et la 3 décide de relever seule ce défi. Nous quittons le site, laissant la 1° démanteler le fort.

 

La 7 quitte les lieux pour rallier son fortin et de notre côté nous retournons à notre camp pour prendre un goûter reconstituant avant de redémarrer .

 

Albatros, estimant qu'à 1 contre 2 nous ne que pourrons difficilement emporter la partie, met au point une tactique inédite : en passant par la ferme, nous embarquons des bottes de paille. Puis nous progressons discrétemment vers le fortin de la 7, anormalement silencieux. Il est magnifique ! Les remparts sont constitués de rondins posés horizontalement les uns sur les autres quasiment sans espaces et il est surplombé d'un petit mirador. Nous jetons les bottes de paille contre le rempart opposé à l'entrée et nous y mettons le feu ; Des flammes immenses jaillissent et s'élèvent, plus hautes que les remparts ; Nous lançons l'assaut, à force de pétards , et en nous jetant sur les palissades. Mais surprise ! Le fortin est désert ... la 7 n'est pas au rendez-vous ! le feu est éteint rapidement et nous démantelons le fort avant de retourner à notre camp ; chemin faisant, nous traversons celui de la 7 et en profitons pour faire exploser nos derniers pétards ; Mais le camp est également désert. Où est donc passée la 7° ?

Telle est donc la véritable histoire de ce que certains ont qualifiés de "Waterloo" de la 3. Chacun pourra se forger son opinion. Une chose est certaine : il s'agit de moments effectivement mémorables , emprunts de virilité , d'esprit de franc-jeu et de loyauté réciproque , qui nous ont permis de découvrir une troupe de scouts tradi. particulièrement pêchue.

Ironie de l'histoire, Gaëtan HARDY , alors scout de la patrouille du Lion à ce jeu, et petit frère d'Albatros, deviendra quelques années plus tard le CT de la 17° PARIS, troupe fille de la 7. Par suite, plusieurs scouts de la 3 intégreront la 7° PARIS ; l'un d'entre eux , Thibaut MATSCHEK, fils d'un patrouillard du Lynx à Soubise, deviendra également CT de la 7.

La 7° PARIS quittera les Scouts d'Europe  en 1991 , à peu près en même temps que la 3° NANCY.

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